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Libération
Critique

Mofokeng, mémoires noires.

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Le photographe sud-africain, qui a réuni les clichés familiaux de ses pairs, raconte sa propre histoire.
publié le 11 mai 1999 à 0h57

«La photographie, c'est une obsession», dit Santu Mofokeng, originaire de Johannesburg (Afrique du Sud), où il est né le 19 octobre 1956. Autodidacte, Mofokeng a d'abord été photographe de rue dans l'un des townships de Soweto, avant d'être reporter puis chercheur en sciences sociales. Il présente aujourd'hui une série intitulée «The Black Photo Album», Johannesburg 1890-1950, fruit d'une recherche entreprise auprès des familles noires de la classe moyenne qui lui ont prêté les portraits sur mesure réalisés par leurs ancêtres au temps de la reine Victoria. D'abord «conçu comme une biographie métaphorique», «The Black Photo Album» s'est révélé troublant pour Santu Mofokeng, car il a découvert combien la représentation des Noirs s'appuyait «sur un mode de vie et une façon de s'habiller très proches de ceux des immigrants européens». Désormais face à ses propres souvenirs, il raconte un peu de lui.

Famille. «Mon père était laborantin dans une pharmacie, ma mère repasseuse dans une entreprise de textile. Je suis né avec six doigts, comme le célèbre Robert Capa, mais j'espère ne pas finir comme lui (sur une mine, en Indochine, le 25 mai 1954, ndlr). Je suis un enfant de la classe laborieuse et j'ai été à l'école du township. Mon père est mort quand j'avais 4 ans, ma mère et mes soeurs se sont donc mises au travail. Moi, chouchou de la famille, j'ai pu continuer mes études et obtenir l'équivalent du bac en 1975. Jusqu'à l'âge de 16 ans, j'ai été le premier de la classe.

Pauvreté. Qu