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Libération
Critique

Goldblatt révélateur

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Arles expose le saisissant travail sur l'apartheid du photographe sud-africain, aujourd'hui âgé de 75 ans.
publié le 4 août 2006 à 22h51

David Goldblatt, 75 ans, a débarqué à l'ouverture des Rencontres photographiques d'Arles, cet été, en tenue de combat : mini short et gilet multipoches de correspondant de guerre. Un peu sportif pour un festival où les codes vestimentaires ne surjouent pas le look reporter, mais personne n'a ricané. Ni l'homme ni son oeuvre n'incitent à la mise en boîte.

Une force têtue

Chacun avait conscience, à voir Goldblatt partir à l'assaut des cinquante expositions déployées sous la canicule, que cet acharnement exprimait quelque chose d'essentiel au travail de sa vie. La force têtue qui lui a permis de coller, en solitaire, à la chronique d'une société folle : l'Afrique du Sud de l'apartheid.

David Goldblatt, exposé à l'église Sainte-Anne, est la révélation arlésienne 2006. Une révélation paradoxale, car il n'a rien d'un inconnu dans le monde anglo-saxon. Auteur d'une dizaine de livres, recommandé au festival par Martin Parr, il a même fait l'objet d'une importante rétrospective à Bruxelles, en 2003 (Libération du 19 mai 2003). Aucune institution publique ne l'a pourtant accueilli en France.

La plupart de ses 130 images, échelonnées des années 60 à nos jours, accusent les stigmates d'un régime inique, comme ces photos de 1984, grenues, enténébrées, de voyageurs béants de fatigue. Des gens debout, dans la nuit, au milieu de nulle part. Les hommes en chemise, les femmes avec des sacs à main. Attendant patiemment, à trois heures du matin, le bus qui les emmènera à 180 kilomètres de là, sur leur li