C'est une exposition plantée dans un passage public, sans même d'intitulé inscrit à l'entrée. Quand on aura ajouté qu'elle est gratuite, on aura achevé de faire peur. Eh bien... elle est somptueuse.
Frank Horvat, qui a fêté ses 78 ans aux dernières cerises, a eu droit à beaucoup d'expositions dans sa vie, et même à une soirée de célébration télévisuelle, en France, via Arte, en l'an 2000. Pourtant, cette manifestation, installée au coeur de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), commune d'adoption de ce polyglotte, lui consacre sa première rétrospective complète : rien de moins que 340 photos.
C'est d'abord une fête absolue du noir et blanc (dont on ne se doute pas qu'elle ne constitue qu'un premier acte). Horvat a débuté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ses premières images consacrées ont été montrées à New York en 1955, dans le cadre de l'exposition «Family of Man», qui passe un peu pour le bulletin de reconnaissance de la photo humaniste. Il a bu de ce lait-là, mais comme l'enfant d'une génération plus jeune, déjà tiré aux quatre coins d'autres horizons.
Né dans une Croatie encore italienne, grandi en Suisse (refuge d'une famille qui fuyait les persécutions antijuives), Horvat a tôt eu la bougeotte : il photographie l'Italie des riches et des pauvres, mais aussi le Pakistan et l'Inde, dans lesquels il s'immerge pendant deux ans, précédant d'une vingtaine d'années les futurs hippies. En même temps, c'est un amoureux des villes : de Paris, dont il apprécie, sous la