Un collègue inquiétant, mais adepte de la non-violence jusqu’à plus ample informé, m’a confié en se frottant les pognes : «Au pays des têtes à claques, ce type-là me ferait mal aux mains.» Plus délicatement, le site Fluctuat.net s’est interrogé : «Pourquoi le documentariste écolo nous donne envie de buter des dauphins depuis un 4 x 4 diesel lancé à 140 km/h sur la plage ?» Yann Arthus-Bertrand a fini par avouer lui-même au Journal du dimanche, le 28 mai : «Oui, je suis un bisounours», ajoutant : «Oubliez votre cynisme, ayez confiance !»
Moi, j'ai toujours eu confiance en Yann. Comme acteur de cinéma, il était déjà formidable. Il faut l'avoir vu dans OSS 117 prend des vacances, de Pierre Kalfon, en 1970, où il était «Yann». C'était un petit rôle, mais on sentait que cette graine de comédien allait accomplir quelque chose de considérable. Hélas ! Cette apparition sur le grand écran - sa seconde, après une prestation inoubliable dans Dis-moi qui tuer, d'Etienne Périer, en 1965 - fut également sa dernière. C'est idiot car, dans le registre acteur à bacchantes, YAB aurait pu postuler à la succession de l'admirable Terry-Thomas, le comédien britannique de la Grande Vadrouille.
Mais cet échec a bientôt été suivi d'un grand succès : pendant dix ans, Yann Arthus-Bertrand fut le photographe officiel du rallye Paris-Dakar, et cela reste à ce jour, à juste titre, son plus haut fait de gloire. Ça, c'était de la photo