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portrait

Eikoh Hosoe: de butô en blanc

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A 80 ans, fougue intacte, le photographe inspiré par la «danse des ténèbres» est l’invité d’honneur du festival Kyotographie.
(Photo Jérémie Souteyrat)
publié le 10 avril 2013 à 19h06
(mis à jour le 12 avril 2013 à 10h42)

C'est un chat qui s'avance. Les yeux en fente, il glisse sur le sol à petits pas feutrés. Tout en rondeurs bouddhiques et flegmatiques. Il zigzague entre ses tirages photos, ses piles de livres, des souvenirs poussiéreux, des cartons entassés dans le minidédale de son studio de Yotsuya à Tokyo. Chez Eikoh Hosoe, le calme n'est qu'une apparence de sage, peut-être une élégance de l'âge. A 80 ans pétants, la jubilation revient vite titiller le passé et chambouler le présent. L'œil s'ouvre et c'est un enthousiaste qui s'agite, commente, explique. «Je suis tellement content d'exposer à Kyoto. Jamais mes photos n'ont été accrochées dans un temple traditionnel et dans cette ville historique. J'aime beaucoup l'idée que mes photos de nus, de campagnes, de danses soient montrées dans cette atmosphère et contrastent autant avec le lieu. C'est nouveau et inattendu.» Le commentaire n'a rien de la formule promotionnelle. Il revient à plusieurs reprises dans la bouche de Eikoh Hosoe, invité d'honneur de la première édition de Kyotographie qui démarre d'ici deux jours.

A chaque fois, le ton passionné étonne chez cet homme aux faux airs de «vieux businessman à la retraite», selon l'une de ses amies. Car cet artiste affable a connu tous les honneurs depuis près de soixante ans. Il a été exposé à Paris, Tokyo, New York. Il a été filmé, publié, primé et aussi copié. Il a frayé avec Cole Weston, Bill Brandt, Daido Moriyama. Cet avant-gardiste à la mèche lisse et grise a égalemen