Depuis 2007, Claude Bussac est la directrice de PhotoEspaña, un festival pédagogique et généreux qui, en mêlant expos gratuites et payantes, a accueilli selon les organisateurs 700 000 visiteurs ces deux dernières années. Assez perplexe, hésitant entre soulagement et inquiétude, dans son français joliment teinté d'espagnol, elle explique pourquoi cette seizième édition, centrée autour du corps, a été particulièrement difficile à concrétiser, dans une ville au climat «catastrophique».
En 2011, le budget de PhotoEspaña était de 3,3 millions d’euros, 70% dus au privé et aux sponsors, 30% aux institutions publiques. Et cette année ?
Il est en baisse et devrait se situer autour de 2,3 millions d’euros, c’est encore une estimation. La répartition reste proche, 20% venant des institutions publiques, 80% du privé. Nous avons eu, à l’automne 2012, un moment difficile, presque de la panique, car une partie des subventions s’est effondrée. La communauté de Madrid nous a soutenus, comme d’habitude, mais la mairie nous a laissé tomber. Un véritable abandon. Ici, en Espagne, toute la culture manque d’oxygène, pas seulement d’un appui économique, mais de soutien et de communication.
Moins de budget, donc moins d’expositions ?
Non, il y en a autant, 74, en comptant le in et le off. Mais il a fallu faire des choix, comme sacrifier une partie des interventions dans la ville et ne pas éditer de catalogue. Nous avons réussi, je crois, à sauver la situation par un effet de solidarité, notamment grâce aux ambassades tchèque et française, ou à la Fondation Mapfre. Mais être finalement satisfaits de cette édition ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’inquiétude : nous étions arrivés