Né le 30 novembre 1912 à Fort Scott, Kansas, et mort le 7 mars 2006 à New York, Gordon Parks est un géant. Le voici enfin accueilli comme il se doit en France, avec une rétrospective aux Rencontres d'Arles (lire ci-contre), encore visitable pendant un mois, et deux livres à prix raisonnables édités par Actes Sud. Un début prometteur pour cet autodidacte qui s'exprima aussi bien en images qu'en mots, photographies, films et poèmes, sans compter la musique - il jouait du piano, composait - et les multiples articles qui accompagnèrent ses grands reportages pour Life, ainsi l'un des plus fameux, celui sur Muhammad Ali, en 1966.
Ségrégation. Gordon Parks a longuement raconté sa vie, si bien qu'on apprenait au détour d'anecdotes qu'il s'était retrouvé très tôt dans la rue, à la mort de sa mère, Sarah. Cadet d'une famille de quinze enfants, il avait alors 15 ans et deux dollars en poche. «Après avoir fait n'importe quoi pour survivre», il choisit son arme, l'appareil photo, un Voigtländer Brillant acheté d'occasion à Seattle, et devint finalement le porte-parole de la communauté noire, en tout cas «un intermédiaire fidèle». «Au lieu d'un couteau et d'un revolver, je me suis servi de ma tête. De mes idées. Et ça a bien mieux valu», dit-il en 1989 dans Grand Reporter, un documentaire réalisé par Jean Brard et Pierre Zucca.
Gordon Parks a eu l’audace de ceux qui n’ont rien à perdre et la détermin