En juin 1975, Bernard Plossu, 30 ans et une barbe de père Noël, parcourt le Maroc, un nikkormat autour du cou. Trois mois auparavant, au Niger, dans la région d’Agadez, il a photographié les Peuls bororos et les Touaregs, puis enregistré les musiques et les chants traditionnels de ces peuples nomades grâce à Moussa Hamidou, le preneur de son du cinéaste et ethnologue Jean Rouch. Au Maroc, où il arrive par bateau avec sa Volvo, il a une idée fixe : rejoindre le désert. Sur la route, peu de touristes, de rares fantômes de la Beat Generation, et la répétition d’un horizon sans fin rayé de grains de poussière.
«De l’habileté à la rigueur»
Les tirages originaux de ce voyage, accompagnés d'autres souvenirs (Mexique, Grèce, Paris), sont aujourd'hui exposés dans tout le royaume chérifien, jusqu'à la fin de l'année. Tanger, Rabat, Marrakech, Meknès, Fès et probablement Casablanca… Cette tournée souveraine a été organisée par Bernard Millet, ex-directeur des Rencontres d'Arles et aujourd'hui directeur de l'Institut français de Rabat. «Bernard Plossu n'était jamais revenu au Maroc. J'ai eu envie que son récit poétique s'inscrive dans notre XXIe siècle. Je voulais aussi que les jeunes photographes marocains engagent un dialogue avec lui et ses photographies, précise Bernard Millet. Plossu est un auteur qui provoque toujours un sentiment de familiarité, et sa vision du Maroc, dans sa gravité même, montre la cohérence de son langage photographique.»
Curieusement, ces photographies du Maroc