Depuis qu'il est devenu photographe, en 1973, Sebastião Salgado attire les superlatifs. «Le plus grand photojournaliste au monde» , écrit le Sunday Times ; en tout cas, l'un des rares à déplacer les montagnes… Et les foules, ainsi que le démontre son exposition parisienne à la Maison européenne de la photographie, au titre impérieux : Genesis. Soit 245 photographies accrochées en trois formats sur quatre étages, voilées de ce noir et blanc minéral, proche de la gravure, qui est la signature de cet homme du monde né le 8 février 1944 à Aimorés (état du Minas Gerais, Brésil), unique garçon d'une fratrie de huit enfants.
Salgado a collaboré aux agences Sygma, Gamma («J'y ai tout appris») et Magnum avant de créer en 1994 sa propre structure, Amazonas Images, embossée sur les quais du canal Saint-Martin, à Paris. Il vit en France et travaille en famille. Son fils aîné, Juliano, prépare avec Wim Wenders un documentaire sur son père (sortie en 2014) et c'est sa femme, Lélia, qui a monté et suivi l'épopée Genesis, huit ans autour d'un monde à l'aube de l'humanité. Sur place, Jacques Barthélemy, guide de haute montagne, l'accompagnait parfois.
Mine d'or. Crâne rasé et voix de crooner, Sebastião Salgado explique combien Genesis fut réconfortant pour lui qui, dans la foulée de ses études d'économie, essaya longtemps de rendre compte du chaos social et politique, de la sécheresse au Sahel