Erwin Blumenfeld avait coutume de dire que «chaque image est un récit». Des histoires dont les photographes sont les héros. Et s'il fallait réaliser son biopic, parions que l'auteur filmerait un point précis du parcours du photographe allemand, né en 1897 à Berlin et mort en 1969 à Rome : son entrée dans le métier, à Amsterdam au début des années 30, où, employé d'un magasin de sacs pour dames, la Fox Leather Company, il réalise ses premiers portraits pro et transforme l'arrière-boutique en chambre noire. Tout, dans ces moments, porte ce qui fera la patte de Blumenfeld : l'intérêt porté au corps féminin, la photographie vue comme une expérimentation et le refus de diviser création artistique et commande. Ces éléments parsèment la rétrospective du Jeu de paume (où l'on s'est faufilé en plein montage et qui débutemardi), organisée selon une non-hiérarchie. La commissaire de l'expo, Ute Eskildsen, souligne que chez l'artiste, «les images réalisées pour le travail ou ses propres expériences visuelles ont la même force. A l'époque, la question ne se posait même pas».
svastika. Identiques, donc, ces incroyables clichés de mode (pubs ou séries pour Vogue ou Harper's Bazaar réalisées à Paris dès 1936, puis à New York où, Juif en exil, il se réfugie à partir de 1940) et ces vues de la cathédrale de Rouen ou ces portraits de personnalités. Y cohabitent les mêmes obsessions. Pour les femmes, évidemment, sur les vi