Pierre Ciot, photographe basé à Marseille, est président de la Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe (Saif). Il explique pourquoi la vente prévue demain ce samedi (lire ci-contre) lui paraît injuste.
Avez-vous entendu parler de cas comparables survenus par le passé ?
A ma connaissance, il y a eu un précédent, en novembre 2009. Il s’agissait de photos de presse de photographes de l’agence Magnum (Cartier-Bresson, Martine Franck…). La vente, qui devait avoir lieuà l’Hôtel Drouot à Paris pour le compte du groupe Hachette Italie, avait été annulée par un jugement en référé. Le tribunal de grande instance avait alors reconnu la propriété des auteurs sur leurs tirages de presse, ainsi que le fait qu’une telle vente aurait porté atteinte à leur droit moral de destination. Mais c’est vrai que l’affaire qui nous occupe à Marseille est différente.
Voyez-vous dans cette vente une atteinte au droit moral des auteurs, comme le définit le code de la propriété ?
A notre sens, oui. L’auteur a un droit moral sur sa production. Sans son accord, ses photos ne peuvent pas être retouchées, recadrées ou dispersées, d’autant plus si elles ont été réalisées avec des fonds publics, ce qui est le cas pour ces deux collections. La dispersion de ce fonds patrimonial va empêcher tous travaux de recherche. Donc sa justification originale est détournée, puisqu’il s’agissait, par exemple, pour Gabriele Basilico de saisir les monuments antiques de la région avant qu’ils soient restaurés. C’est comme si on mettait en vente celle de la Mission héliographique de 1851 ou bien encore la commande Datar de 1984.
De quels arguments juridiques disposez-vous pour stopper la vente ?
On en a très peu. C’est l’auteur qui doit le faire au n