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Libération
Photo critique

Photoreporter, festival à toute épreuve

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Le rendez-vous de Saint-Brieuc présente treize reportages et cherche de nouvelles ressources pour ce type de journalisme.
publié le 3 novembre 2013 à 18h06

C'est la même personne qui figure sur la première et la dernière image du reportage de Marie Dorigny, «Les femmes paient le prix de la paix», présenté jusqu'à mi-novembre dans le cadre de Photoreporter, le festival international de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor). Mais il faut un minimum d'attention pour s'en apercevoir. Primo, parce que de nombreux clichés séparent ces deux images. Deuxio, parce que sur la première, on ne distingue pas le visage, juste un corps harassé qui porte une sorte de malle sur le dos. Néanmoins, les habits font foi. Et la légende, plus encore, qui évoque une certaine Manmaï, 36 ans - elle en paraît dix de plus -, quatre enfants, qui vient de choisir de «partir travailler dans le Golfe». On ignore de quoi son avenir sera fait, mais Manmaï semble au moins être parvenue à user de son libre arbitre et ne garder aucune séquelle physique (pour l'aspect psychologique, autant ne pas se faire trop d'illusions) de ces longues années passées dans son pays d'origine, le Népal. Où, à l'évidence, les femmes morflent, victimes au quotidien d'une horreur domestique déclinée à tous les outrages (viols, prostitution…).

Credo. Telle la dénommée Hasrun, 25 ans, à qui son mari dans l'atelier de couture jette un regard noir, lui qui, avec sa mère, l'a déjà gravement brûlée au kérosène avant de la reprendre sous son toit ; ou cette autre infortunée, soumise à une coutume aussi archaïque qu'humiliante, le chhaupadi ,<