Comme après la guerre, comme au lendemain d’un bombardement, on se demande pourquoi ce bâtiment-là a résisté alors qu’à l’entour tout a été anéanti. Aux Philippines, ce n’est pas la guerre qui a ravagé le paysage, mais un typhon. Mais la question reste entière : pourquoi cette maison tient-elle encore debout ? Pourquoi a-t-elle résisté aux rafales de vent qui atteignirent plus de 300 kilomètres-heure, ce qu’attestent les rambardes tordues à chacun des balcons ?
Parce qu’elle a été construite en dur, alors que la majorité de l’habitat philippin, en dehors des grandes villes, est encore fait de bricolages en tôle. De fait, on distingue tout autour de l’immeuble un fatras de planches et de matériaux fragiles. Autre hypothèse : cette maison est encore debout parce qu’elle a eu de la chance. Comme est tout aussi miraculeusement indemne le pylône dressé derrière la bâtisse, probablement un relais de téléphones portables. Cela dit, la sauvegarde de ce bâtiment est très relative : plus de toit, ni portes, ni fenêtres. Pour longtemps inhabitable.
Ce qui frappe dans cette image, c'est son absence d'êtres humains. Pourquoi dès lors s'émouvoir plein champ sur la survie «héroïque» d'une maison alors que, hors champ, les victimes du typhon se chiffrent par dizaines de milliers ? Et pourquoi, statistiquement, les photos publiées de la catastrophe se divisent-elles à part à peu près égale entre les humains en perdition et les paysages saccagés ? Cette intrigante parité s'explique en partie pa