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Libération

Surimpression

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La photographe néerlandaise Viviane Sassen, s’est rendue au cœur de la forêt du Suriname. Saisis sur le vif, ses portraits d’une tribu oubliée évitent l’exotisme et la mise en scène.
Pikin Slee, Cyanos, 2013. (Photo Viviane Sassen. Courtesy Stevenson Gallery)
publié le 20 novembre 2013 à 17h10

Viviane Sassen cultive, dans ses séries de mode comme ses expositions dans les musées, un sens assez personnel de l’exotisme. Celle qui est née en 1972 à Amsterdam esthétise à sa façon, dépoussiérée et cérébrale, une certaine idée de l’ethnographie. Les images présentées ici ont été réalisées entre l’été 2012 et le printemps dernier à Pikin Slee, un village enfoui dans la forêt tropicale du Suriname, longeant les eaux noires et agitées d’un fleuve.

Dans cette bourgade, accessible uniquement par canoë, Viviane Sassen a photographié quelques-uns des 4 000 habitants, principalement membres de la tribu Saramacca. Intriguée par un mode de vie pour le moins primaire (isolement du reste du monde, peu d'accès à l'eau courante ou l'électricité), elle en a tiré ces images où, sur les corps des individus, viennent se coller toutes sortes d'éléments: tissus synthétiques, poudres colorées, textiles bruts ou gant Mapa. La photographe confie avoir «voulu explorer la beauté de leur quotidien, réaliser une exploration de leurs comportements corporels, comme s'ils étaient des sculptures». Le tout «réalisé de manière très intuitive», sans aucune mise en scène, avec un choix quasi aléatoire du noir et blanc et de la couleur.

D'où la simplicité de la série, et son aspect contemplatif. La plupart des habitants de Pikin Slee sont des descendants d'esclaves qui ont fui les exploitations agricoles néerlandaises au XVIIIe siècle. «Mon histoire est liée à la leur, avec nos liens di