Née le 22 juin 1931 à Neuchâtel, en Suisse, Claudia Andujar vit à São Paulo depuis 1955 et a adopté la nationalité brésilienne en 1976. Elle a rencontré le peuple Yanomami en 1975, dans la forêt tropicale du nord du Brésil, lors d'un reportage pour le magazine Realidade.
Photographiant leur quotidien, elle s'est installée auprès d'eux, recueillant dessins, jeux, rêves. «Leur gentillesse, leur curiosité, leur sincérité m'ont touchée et je me suis consacrée à leur reconnaissance», dit-elle, alors qu'elle a choisi de montrer, à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, un travail très particulier, accompli de 1981 à 1983, dans le cadre d'une expédition médicale humanitaire.
Ces portraits sont à l’origine des photos d’identité, collées sur des carnets de vaccination. Pourquoi les exposer ?
Quand je les ai réalisés, j’accompagnais deux médecins dont la priorité était de protéger les Yanomami. Ils avaient été victimes d’épidémies, notamment lors de la construction de la route Perimetral Norte, pendant la dictature militaire, et des invasions de chercheurs d’or. Il fallait les examiner, les vacciner et remplir des carnets de santé.
Les Yanomami n’ont pas de nom comme nous, chacun s’appelle avec sa parenté, maman, grand-maman, etc. J’ai photographié chaque personne avec un numéro d’identification autour du cou. Je prenais mon temps, parce que je cherchais toujours une amitié avec le photographié. J’attendais un regard. Sans confiance, la photographie n’existe pas : c’est un pur échange.
Tous avaient-ils déjà vu un appareil photo ?
Dans certains villages, non. Il fallait leur faire comprendre que je ne leur voulais aucun mal