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Libération
TRIBUNE

Cherchez l’horreur

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Chaque semaine, Gérard Lefort revient sur une photo parue dans «Libération».
Thaon-les-Vosges, le 22 novembre 2013. (Photo Mathieu Cugnot pour Libération)
publié le 6 décembre 2013 à 17h46

Cette photographie prise le 22 novembre à Thaon-les-Vosges signale que ce jour-là, il commençait à neiger. Mais c’est autre chose qui jette un froid. Au centre de ce groupe de quatre hommes (et un tout petit peu de femme), se détache un jeune homme qui a l’allure de n’importe quel autre jeune homme de la classe moyenne blanche française : un chic Celio et, ma foi, une bonne tête de gars plutôt avenant. Ce qui ne change pas grand-chose au fait que ce jeune homme se nomme Jordan Grosse-Cruciani et qu’il est candidat du Front national aux prochaines municipales à Thaon-les-Vosges.

A quelques kilomètres d’Epinal, cette banalité proprette contrarie l’image d’un FN uniquement constitué de gros vieux moches, baveux de racisme et écumants de croix gammées. Certes, les deux hommes qui encadrent Jordan sont moins séduisants, mais ils pourraient eux aussi figurer dans n’importe quelle sitcom sur la France des Français.

Autrement dit, il faudrait peut-être inventer pour Jordan Grosse-Cruciani le délit de belle gueule. Car enfin, ce n'est pas possible et même triste d'avoir un aussi doux visage et, derrière la tête, des idées aussi moches. Ça ne colle pas, se dit-on. Or si, c'est ça le problème, ça colle. Comme collent et poissent certains écervelés qui trouvent Marine Le Pen gay friendly parce qu'elle est blonde.

Comble du malaise, l’article accompagnant la photo nous apprend que Jordan est issu d’un milieu de gauche et qu’enfant, il jouait aux fléchettes sur un poster de Jean-Mar