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A voir ou à revoir

Le Cuba en grand format de Serrano

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Le photographe américain fige un portrait de La Havane en 27 clichés visibles à Paris.
«Alicia Alonso» (2012), d'Andres Serrano (Photo Andres Serrano. Yvon Lambert Paris)
publié le 6 décembre 2013 à 17h06

«Je me sens vivant quand je travaille, et je ne voyage jamais sans raison», dit d'emblée Andres Serrano afin d'éviter tout malentendu autour de son «Cuba». Soit vingt-sept photographies en grand format, prises l'an passé à La Havane et dans la campagne, qui transforment la galerie Yvon-Lambert - où elles sont accrochées sous la verrière - en île mystérieuse.

A Cuba, où sa mère a longtemps vécu, Andres Serrano, 63 ans, s'est senti «en famille». Seul son espagnol un peu daté a parfois fait sourire les Cubains, qui l'ont accueilli comme l'un des leurs. «Chaque chose était à la fois surprenante et familière, poursuit le photographe américain. C'était inattendu et, d'une certaine façon, cela me rappelait mon enfance, puisqu'à la maison, nous parlions espagnol. Ma mère n'a pas vécu sous Castro, et ne m'a transmis ni amour ni haine à son égard. Rien ne m'a choqué, mais j'étais parfois triste de voir combien beaucoup partageaient le peu qu'ils avaient, un peu de sucre, un peu de lait.»

S'il a employé la même technique (de l'argentique, pas de numérique), il a moins travaillé en studio que d'habitude, préférant aller à la rencontre des gens - paysans, ballerines, diplomates. Aucun n'a refusé de poser pour lui, et il s'est rendu invisible lors de la prise de vues : «La relation commence dès que je regarde au travers de l'objectif, et elle ne se termine jamais. La photographie est une mémoire vivante, et je n'oublie jamais ceux que je photographie.