C’est un digne portrait de famille - un homme à la moustache noire - dont le cadre n’est pas droit. On aurait envie de tendre la main pour le redresser, mais on ne peut pas. Ce salon est en Syrie, dans la banlieue est de Damas, là où les combats font rage. Il a été photographié par Laurent van der Stockt, grand reporter de guerre, récent lauréat de Visa pour l’image, le festival de photojournalisme de Perpignan. On reste, longtemps, à regarder cette image à taille réelle, saisi par l’intime d’une guerre. Cette télévision allumée, n’est-ce pas la même que la nôtre ? Et ce poupon abandonné pourrait être le jouet de n’importe quel enfant de France.
A Dunkerque, Laurent van der Stockt a donc choisi de reconstituer un intérieur syrien, dans un cube qui donne l’impression d’une vraie pièce, et se retrouve au cœur de l’exposition «Révolutions arabes : l’épreuve du temps», déjà présentée à Marseille en 2012. Le commissaire de l’expo, Alain Mingam, a demandé à Laurent van der Stockt de l’actualiser avec ce qui se passe en Syrie. De nombreux portraits, individuels ou de groupe, étaient déjà présentés : le photographe a pris le contre-pied, en pariant sur la force des absents.
Pourquoi sont-ils partis ?
Dans ce travail, ni morts, ni gens éplorés, ni visages hurlants, ni combattants armés. Mais des pièces vidées de leurs habitants. «Je voulais d'abord parler d'eux, de leur souffrance. La guerre en Syrie, c'est une population entière attaquée par son gouvernement, note le photographe. Cela fait vingt an