Un certain art de l'effacement. C'est ainsi qu'on pourrait résumer le caractère de Kate Barry, née en 1967 et morte le 11 décembre par défenestration, qui aimait à se définir comme portraitiste et n'a cessé, tout au long de sa vie, de ravir sa famille, mère, sœurs, ou ceux qu'elle croisait en studio lors d'une séance photo (lire ci-contre).
Elle avait gardé de ses années d'études de stylisme un goût du vêtement et de l'attitude qu'on retrouve dans ses séries de mode, réalisées pour l'Express Styles, Marie Claire ou Elle. Plutôt à distance de ses modèles, qu'elle isolait dans des coins ou plaquait contre des murs, avec une attirance pour les décors singuliers, à la limite de l'abandonné, comme si l'espace même de la prise de vue se devait d'être indéfini : une géographie du désordre. Et c'est probablement cette alliance entre un lieu de passage et un visage qui devait aussi inspirer Kate Barry, devenue photographe professionnelle alors qu'elle avait 29 ans.
Kate Barry en 2012. Photo Antoine Le Grand
A ses débuts, elle s'était tournée vers Serge Picard, photographe de l'Agence VU, connu pour son style vigoureux, qui donnait à l'époque des cours à Paris. Elle voulait apprendre. «Elle savait déjà beaucoup, dit aujourd'hui Serge Picard, mais elle cherchait à traduire ce qu'elle photographiait. Ce n'était pas quelqu'u