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grand angle

La misère en plein champ

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Chômeur, ex-SDF, couple surendetté : ils sont les visages de la précarité rurale. Cinq photographes ont recueilli images et voix de cette pauvreté cachée.
Dans les Landes, Jean-Marie, 53 ans, vit dans sa caravane et risque l'expulsion. (Photo Lionel Charrier. MYOP)
publié le 25 décembre 2013 à 17h16

L'été dernier, cinq photographes sont partis à la rencontre de ceux qui vivent, au bord de la survie, dans les campagnes françaises. Ils voulaient voir et savoir le visage de ce qu'il est convenu d'appeler la précarité en milieu rural, une expression qui sonne flou tant elle désigne un monde à l'écart, trop loin des villes, des routes et des yeux pour exister dans les objectifs des politiques et des caméras. Il leur a fallu fouiller le décor champêtre pour les trouver, ces pauvres qui se débrouillent dans les interstices de la France visible, en lisière d'un hameau, au cœur d'un village, dans une caravane au bout d'une route secondaire, repliés dans la maison familiale d'une bourgade sinistrée. «On cache la misère, en campagne. En ville, y en a tellement. En campagne, il y a le regard des autres, et il est pas joli», dira Claire, une quinquagénaire des Ardennes.

«La diagonale du vide»

Les reporters de l'agence Myop sont allés par quatre chemins dans cet univers hors champs, naviguant sans autre boussole que des indicateurs statistiques et quelques relais régionaux du Secours catholique, leur partenaire. Lionel Charrier et Alain Keler ont traversé la France en tandem, des Ardennes aux Landes, s'engouffrant dans «la diagonale du vide», l'axe de l'Hexagone saigné par l'exode rural. Pierre Hybre s'est posé à Saint-Girons, dans les Pyrénées ariégeoises, une fin de route qui allume les rêves de décroissance. Ulrich Lebeuf s'est arrêté dans la Somme où, depuis tr