«Veramente» est la première exposition en France de Guido Guidi, né en 1941 à Cesena (nord-est de l’Italie), doublée d’un livre étonnamment beau publié par Mack. C’est un travail si particulier qu’il faut un peu de temps pour comprendre cet Italien au regard réservé et qui aime à parler avec les mains, comme s’il décrivait à son tour les mots de la traductrice. Il nous manque aussi des repères, Guido Guidi est encore peu connu hors de son pays. Il ne sait plus trop comment la photographie a éclipsé ses autres passions, le dessin du mobilier, par exemple, ou ses études d’architecture à Venise.
En 1965, se détachant de ce qu'il avait appris, Guido Guidi décide de tout recommencer : «A l'époque, la photographie était une zone franche, qui permettait d'être en quelque sorte "mal élevé". On pouvait faire ce qu'on voulait. Et j'ai décidé d'abandonner les musées, et de retourner à la rue, à la vie.»
Ses photographies incarnent ce désir de liberté. Il n'est jamais là où on l'attend, toujours à côté, en lisière. Rien n'est spectaculaire, pas de jolies maisons, aucune perspective audacieuse, bien au contraire. Voici l'Italie des espaces ordinaires, à Ravenne (Emilie-Romagne) ou Atri (Abruzzes), immeubles gris, arrêts d'autobus, cageots entassés. Ou l'Europe non touristique, à découvert, telle qu'il l'a saisie, de Saint-Pétersbourg à Saint-Jacques-de-Compostelle, entre 1993 et 1996 : «Travailler sur une zone frontière signifie travailler sans certitude, et être forcé d'obser