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Libération
Critique

Cartier-Bresson géomètre à penser

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Le centre Pompidou consacre une rétrospective thématique à l’illustre cofondateur de Magnum, mort il y a dix ans.
Marseille, 1932. (Photo Henri Cartier-Bresson / Magnum)
publié le 18 février 2014 à 17h06

Sur la façade du centre Pompidou, à Paris, flotte le profil d'Henri Cartier-Bresson, ravi par George Hoyningen-Huene en 1935. Celui-là même que Libération avait choisi pour sa une du 5 août 2004, annonçant la disparition du photographe le plus flamboyant du XXe siècle.

Jupitérien. Dix ans après sa mort, voilà donc honoré une nouvelle fois Henri Cartier-Bresson (né en 1908), considéré comme le maître de «l'instant décisif», et que Clément Chéroux, commissaire de cette rétrospective ambitieuse, tient à remettre en perspective dans sa «diversité créative» (lire page suivante). Dans une mise en scène labyrinthique, un peu éprouvante tant elle corsète la visite, Henri Cartier-Bresson se présente en majesté.

De ses débuts d'amateur (1926-1935), en fils prodigue d'Eugène Atget, aux derniers reportages (après Mai 68), quand il planque son Leica, «miroir de la mémoire», et se remet au dessin, humblement, on y voit à l'œuvre, grâce à plus de 500 photographies et autres documents, «ce champion de la décision fulgurante», selon Robert Doisneau.

Ce qui impressionne, c'est sa lucidité, cette manière intuitive d'assembler en une fraction de seconde des éléments d'un monde épars, comme s'il avait le hasard dans sa poche. Lui revendique plutôt les films de Stroheim, l'apprentissage auprès du peintre André Lhote, l'apport des surréalistes et de leur chef de file, André Breton : «La conception du sur