La diversité du tirage photographique est au cœur de la rétrospective consacrée à Henri Cartier-Bresson. Clément Chéroux, son commissaire, par ailleurs conservateur du cabinet de la photographie au centre Pompidou, en explique les enjeux.
Pourquoi avoir voulu privilégier les tirages d’époque ?
Jusqu’à présent, toutes les rétrospectives Cartier-Bresson présentées en France montraient des tirages réalisés pour l’occasion. De ces tirages de mêmes taille, tonalité et contraste, il ressortait une grande uniformité. Comme si Cartier-Bresson n’avait pas changé au cours de ses soixante-dix ans de photographie. Au centre Pompidou, comme dans la plupart des grandes institutions muséales internationales qui mènent une politique exigeante, nous avons privilégié les tirages d’époque. Par leurs différences, ils permettent de mieux montrer l’évolution de l’œuvre.
Peut-on dire qu’un tirage d’époque a toujours plus de valeur qu’un tirage moderne ?
De quelle valeur parle-t-on ? Depuis que la photographie se collectionne, les tirages d’époque sont les plus recherchés par les collectionneurs. Dans le cadre de cette rétrospective, ce n’est pas la valeur marchande des tirages qui nous intéresse, mais la valeur historique. Un tirage moderne n’est-il pas aussi une manière de voir différemment une photographie, et de lui offrir, éventuellement, un autre regard, voire une autre temporalité ? On peut aimer écouter les gymnopédies d’Erik Satie interprétées sur une guitare électrique, mais il est dans le rôle d’une institution comme le centre Pompidou de faire comprendre l’importance de l’authenticité comme de l’historicité des tirages d’époq