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Nancy Cunard, soleil noir

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Le musée du Quai-Branly rend hommage à la muse avant-gardiste.
Nancy Cunnard par Barbara Key-Seymer, vers 1930. (Photo The Estate of Barbara Ker-Seymer)
publié le 28 février 2014 à 17h06

Elle est cette photo de Man Ray, prise en 1926, bras couverts de bracelets africains - qu’elle collectionnait -, visage androgyne, regard incroyablement clair et félin. Elle est aussi ce portrait de Cecil Beaton, vers 1929, bracelets toujours, en trois visages aux intonations différentes. Et encore ces yeux perçants, aigus. Elle est aussi ce magnifique cliché de Barbara Ker-Seymer, vers 1930, turban à voilette, petite bouche serrée et têtue, col fourrure et regard quasi transparent.

Bottin mondain

Nancy Cunard ne se résume pas à ces quelques photos, même prises par les plus grands de cette époque, ni à un regard, encore que celui-ci porta loin pour une femme née à la fin du XIXe dans l'aristocratie anglaise, d'origine américaine. Donc plutôt destinée à jouer au tennis et monter à cheval qu'à devenir une «femme-époque», représentante des avant-gardes anglo-saxonne et française, très proche de Tristan Tzara et des surréalistes Georges Sadoul, René Crevel et Louis Aragon - qui devient son compagnon en 1926 (son appartement de l'île Saint-Louis serait celui d'Aurélien) -, éditrice du tout jeune Samuel Beckett, modèle de John Banting et Brancusi… la liste est quasi infinie. On pourrait l'avoir un peu oubliée. Une exposition lui rend hommage et justice au musée du Quai-Branly, à l'occasion du 80e anniversaire de la sortie de Negro Anthology, une somme exceptionnelle de 800 pages qu'elle publia à Londres en février 1934, en 1 000 exemplaires.

Nancy Cunard et