ANew York, on peut voir jusqu'au 4 mai une splendide exposition parisienne qui ne viendra pas à Paris : la première véritable rétrospective de l'œuvre du photographe français Charles Marville (1813-1879), de son vrai nom Charles-François Bossu (1). Certaines de ses photos de Paris sont fameuses, the right man in the right place at the good moment, leur auteur l'est moins. On ne sait toujours pas ce qu'il fit pendant la guerre de 1870 et sous la Commune. Ce n'est qu'en 2010 qu'un archiviste lié à l'équipe de l'exposition, Daniel Catan, trouve son véritable nom et, du même coup, ses dates de naissance, de mort, et son testament : «Je déclare ici que le nom de Charles Marville est un pseudonyme que je porte depuis quarante-sept ans […]. Lorsque je rentrais dans les arts, j'éprouvais la crainte que la singularité de mon nom ne me cause les ennuis que j'avais éprouvés en classe, c'est pourquoi je pris, il y a quarante-sept ans, le pseudonyme de Charles Marville.» L'exposition américaine permet de faire le point sur l'homme, de voir surtout l'étendue de son parcours iconographique. Elle est moitié Baudelaire, moitié Woody Allen.
Baudelaire, car la ville qu'on voit sur un quart de siècle, saisie avant, pendant et après les destructions et reconstructions du baron Haussmann, ce sont exactement les vers du «Cygne» : «Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville / change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel).» Baudelaire écrit ces vers en 1859, après