«Linda McCartney a eu cette merveilleuse obstination de photographier ce qui se passait autour d'elle, avec une foi absolue. Et sa petite musique fragile, constante, a fini par composer un univers.» Mains dans les poches de son treillis, bondissant de joie, Gilles Mora donne le ton. Avec la collaboration active de Linda Enterprises Limited, sise à Londres, qui compte 200 000 photographies, il en a retenu 226 pour cette rétrospective encore plus vaste que celle récemment présentée à Vienne, en Autriche. «C'est un choix respectueux de sa vie privée, sans putasserie et rien de croustillant», précise-t-il, en soulignant sa «tendresse vis-à-vis d'elle». Le mot pourrait faire sourire tant Gilles Mora, plutôt connu pour ses études sur des reporters virils, a été envoûté par celle qui fut la première femme à obtenir la couverture du magazine Rolling Stone, le 11 mai 1968, avec Eric Clapton, le visage bleuté.
De fait, présentée dans un Pavillon populaire entièrement refait et climatisé, l’exposition - préparée très vite, en quatre mois - s’avère émouvante, aussi bien par sa fantaisie que par cette mélancolie qui s’attache aux albums de famille où l’on aurait aimé s’inviter pendant les vacances d’été. Voici donc une partie de l’histoire des Beatles en solo, et, en filigranes, le parcours atypique d’une Américaine, née Eastman, le 24 septembre 1941, à New York et morte le 17 avril 1998, à Tucson (Arizona), d’un cancer du sein.