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Alfred Ehrhardt, «si près d'un objet qu'il devient abstrait»

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A l'occasion de la sortie de «Das Watt», Christiane Stahl, directrice de la Fondation Alfred Ehrhardt à Berlin, évoque l'artiste allemand qui trouva dans la photo une alternative à sa peinture, interdite par les nazis.
Photo tirée de la série «Das Watt», 1933-1936. (Photo Alfred Ehrhardt Stiftung)
publié le 3 avril 2014 à 15h52

Vient de paraître chez Xavier Barral un livre au titre très mystérieux, Das Watt, signé d'un nom qui n'a que peu de résonances en France: Alfred Ehrhardt (1901-1984). Le feuilletant, on s'aperçoit que l'ouvrage est un fac-similé d'une édition de 1937, dans ses moindres détails, et que son auteur, loin d'être oublié, est constamment honoré en Allemagne, notamment à travers sa fondation enracinée à Berlin et dirigée par Christiane Stahl depuis 2002.

Das Watt n'aborde qu'un seul sujet, l'estran, ce ruban de terre entre terre et mer qui longe la côte allemande de la mer du Nord. Mais il le fait de manière magistrale, comme si Alfred Ehrhardt, pénétrant ce territoire, n'avait cessé d'être émerveillé par sa fluidité souveraine. C'est son souffle qui accompagne la lecture de ce classique envoûtant de la photographie, auquel Xavier Barral a redonné vie alors qu'il travaillait à l'édition de son ouvrage sur la planète Mars.

Christiane Stahl, directrice de la Fondation Alfred Ehrhardt, donne quelques clefs pour mieux comprendre cet Allemand si singulier, lequel, comme beaucoup d’artistes de sa génération, a aussi réalisé de nombreux films.

Alfred Ehrhardt est autodidacte. Pendant quelques mois, il a aussi été formé à l’école du Bauhaus, à Dessau, fermée en 1933 par le Parti national socialiste.

Christiane Stahl Il a étudié un semestre au Bauhaus, l'hiver 1928-1929, grâce à Gertrude et Max Bondy, deux pédagogues extraordinairement modernes qui dirigeaient une école d'avant-garde à Bad Gandersheim,