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Esprit, es-tu là ?

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Retour sur une image parue dans «Libération»
En avril 1871, près de l'Hôtel de Ville de Paris. (Photo Pierre-Ambroise Richebourg. Adoc-Photos)
publié le 11 avril 2014 à 18h06

Dès ses origines (Niépce, Daguerre, Talbot), la photographie s'échine à fixer ce qui lui est le plus ontologiquement étranger : le mouvement. En ce XIXe siècle, où le mouvement est souvent synonyme de troupes, c'est la guerre qui aimante les premiers reportages in situ : celle de Crimée en 1855 - avec les Anglais James Robertson et Roger Fenton - et sa photographie de paysage fabuleusement intitulée la Vallée de l'ombre de la mort. La guerre de Sécession (1861-1865) «couverte» par les équipes de Matthew Brady, Alexander Gardner ou Timothy O'Sullivan.

Au printemps 1871, la Commune de Paris est le «premier grand événement de l'histoire de France à faire l'objet d'un traitement photographique d'envergure», comme le rappelait «la Commune photographiée», une mémorable exposition du musée d'Orsay, au printemps 2000. Où l'on découvrait, par une sorte de contamination du vocabulaire, que lors de ces quelques mois d'insurrection, la mitraille fut tout autant photographique que militaire.

Cette image est celle d'une barricade édifiée par les Communards, en avril 1871, à l'angle de la place de l'Hôtel de Ville et de la rue de Rivoli pour bloquer une des percées récemment conçues par Haussmann. On note à cet égard que le cadre choisi n'est pas celui de la perspective mais du carré resserré sans doute pour conjurer le danger d'un horizon proche où s'amoncelaient les Versaillais. Cent-quarante trois ans plus tard, mois pour mois, regarder cette image, s'y abîmer