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Nan Goldin, marge à suivre

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Le travail de l’artiste continue d’influencer pros et amateurs.
«Io'’s card trick at her birthday party, NYC, 1996.» (Photo Nan Goldin 2014. www.phaidon.com)
publié le 14 avril 2014 à 18h06

Avec Eden and After, sa mise en scène de l'enfance, de sa mélancolie et ses joies, la photographe américaine, née en 1953 à Washington DC, conserve la puissance empathique qu'elle a su démontrer au cours de sa carrière si particulière. Il y eut évidemment le sida, la sexualité, la drogue, l'amour, le trouble des genres, les égéries nocturnes ou la redéfinition permanente du sujet. Mais aussi la violence, les voyages, la marginalité, quelle qu'elle soit. En mettant en scène sa vie et celle de son entourage dispersé, elle a offert un pendant visuel à la pensée critique des années 80 et 90.

Ses images sont parfois violentes, crues, mais chacune a une dimension merveilleuse, un mystère quasi liturgique traversé par une compassion instinctive. Mais si Nan Goldin n’exclut aucun thème, elle fait de même avec nous, qui regardons ses clichés, et nous invite à la rejoindre, à devenir (ou à rêver d’être) des apparitions de son carnet de bord.

Contrairement à ce que laissent penser les hommages rendus ou la célébration des Cinq de Boston, dont elle fit partie (avec notamment Jack Pierson ou Philip-Lorca diCorcia), Nan Goldin n’a jamais offert de «vitrine» à la contre-culture. Elle a laissé la porte grande ouverte. Et c’est sans doute ce qui explique son poids sur la photographie actuelle.

Peu importe son statut d'artiste célébrée et exposée partout ou la constance de son esthétique qui n'a pas connu de mutation radicale. Nan Goldin n'a pas seulement modifié ce que nous regardons e