Ce matin, il s'est levé à 5 heures. Comme tous les matins, Hiroshi Sugimoto a manipulé, caressé, fabriqué, imaginé des formes et des images. A cette heure de la journée, il est «seul, tranquille et concentré» à rendre le temps visible, la grande œuvre-obsession de ce touche-à-tout de 66 ans qui investit le Palais de Tokyo jusqu'au 7 septembre, pour sa plus grande exposition jamais organisée en France. Pessimiste rieur et égotiste aristocrate, l'artiste reçoit dans un appartement épuré au 7e étage d'un immeuble du Tokyo vert et résidentiel. En collectionneur compulsif, en «architecte sans diplôme», en photographe primé et inspiré, il sonde le monde en devenir. Après avoir exposé ses spectaculaires séries de paysages marins, de bouddha, de Lightning Fields, d'objets sacrés dans de nombreux musées et galeries, la star de la photographie japonaise est fière de réaliser, à Paris, son «premier show sur la saleté».
Pourquoi avoir intitulé cette exposition «Aujourd’hui, le monde est mort» ?
Cette phrase s'inspire du début de l'Etranger, de Camus : «Aujourd'hui, maman est morte.» Je l'ai lu étudiant, l'histoire - très pessimiste - m'a marqué. J'ai le sentiment que les Français sont souvent plein de pessimisme, de dépression et de mélancolie.
Vous souhaitiez sonder ce pessimisme ?
Oui, ça correspond à mon tempérament. Ma vie est pleine d'optimisme, mais je ne suis pas vraiment optimiste. Depuis mes études de sociologie et d'économie, j'ai appris que tout est provisoire, y compris la présence de l'homme sur Terre. Comparée à l'histoire