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TRIBUNE

Le sens de la casquette

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Arnaud Montebourg visite l'usine Alstom de Belfort le 22 mars 2013. (Photo Sébastien Bozon. AFP)
publié le 2 mai 2014 à 19h36

Cette photographie fixe un cas flagrant, sinon clinique, d’hystérie masculine. Qui consiste, comme toute hystérie quel que soit son sexe, à se prendre pour ce qu’on n’est pas, et y croire. Sauf qu’en l’espèce, Arnaud Montebourg calcule son hystérie au carré : il se prend pour un ministre censément responsable et socialiste, mais aussi pour un ouvrier de l’usine Alstom de Belfort. La faute à la casquette aux armes du logo maison. Alstom, c’est écrit dessus et, portant la casquette - expression dont on sait l’intéressante polysémie si on admet que, de la casquette au chapeau, il n’y a que la distance d’une patère -, Montebourg se vivait ce jour de mars 2013 en camarade prolo.

Attardons-nous un long instant sur cette casquette qui crève l’écran de l’image. Mais n’insistons pas trop sur le fait vestimentaire discutable qui consiste à la transformer en accessoire plausible du costume-cravate. Rêvons aussi que si le très viril Arnaud avait déboulé dans les couloirs d’Alstom en escarpins Louboutin, la sensation aurait été nettement plus vive, rigolote et aventurière. N’importe quel homme - oui, même toi, ami lecteur qui fais cow-boy à même le bison en Montana profond - ayant tenté l’expérience des talons aiguilles dans la vie professionnelle sait bien à quel pétage de gueule il s’expose sous les lazzis des filles.

Disons que cette casquette va aussi bien à Montebourg qu’un tee-shirt «Nous sommes un journal» à un banquier d’affaires.

Sauf que, oui et non. Car l'idée de s'affubler des s