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La main, c’est le pied

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Déplacement de François Hollande à Villiers-le-Bel, le 6 mai. (Photo sébastien Calvet)
publié le 9 mai 2014 à 18h06

Une histoire de la main présidentielle sous la Ve République reste à écrire. Chacun son style : De Gaulle, plutôt partisan de l'érection céleste, notamment lorsqu'en 1964, à Mexico, il déclarait vouloir «marchemos la mano en la mano». Pompidou, qui ne concevait pas sa main sans l'accessoire d'une cigarette. Giscard qui voulait la sienne bénissante. Mitterrand, toujours à deux doigts de s'en servir pour gifler l'insolent ayant osé contrarier sa splendeur mirifique. Chirac dont on constata que sa main plein de grands doigts était habile à flatter le cul des vaches. Sarkozy, qui le premier a réussi la greffe main-portable. Et enfin donc la mimine de François Hollande, immortalisée le 6 mai, lors de sa visite à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Telle qu'elle est photographiée à la fenêtre de la limousine présidentielle, on songe à quelque antique rituel royal : la main du monarque émergeant du carrosse pour saluer son bon peuple (cf. Zabeth II d'Angleterre, championne du monde dans cette discipline).

Mais un autre sentiment prime, nettement plus inquiétant. Comme si c’était plus la main toute seule de Hollande qui était en déplacement dans le Val-d’Oise que Hollande lui-même dont on ne sait, invisible dans la pénombre, si le reste de son corps est vraiment là. Une impression d’effroi renforcée par l’effet guillotine de la vitre du très blindé véhicule présidentiel.

Autrement dit, un classique des films d'horreur : une main coupée - généralement à la tronçonneuse -