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Décès

Lynne Cohen définitivement absente

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Célèbre pour ses photos d’espaces intérieurs désertés, l’Américaine est morte à l’âge de 69 ans.
«Untitled», 2002-2012, de Lynne Cohen. (Courtesy Gal. In situ)
publié le 15 mai 2014 à 19h46

Lynne Cohen aimait à dire : «La peinture m'aurait pris trop de temps.» La photographe née en 1944 à Racine, Wisconsin, mais installée à Montréal, vient de s'éteindre à l'âge de 69 ans. Révélée à Limoges en 1992 avec «l'Envers du décor», au Frac-Limousin, elle a consacré sa vie à la photographie, sa raison de vivre depuis plus d'une trentaine d'années, après avoir pratiqué la sculpture. Elle est connue pour ses clichés d'espaces intérieurs, sans personnages, sauf parfois quelques figurines humaines ou mannequins, devenues emblématiques de son œuvre : «On parle mieux de l'homme quand il n'est pas là», disait-elle.

Laboratoires, stations thermales, spa, salles d'attente ou d'entraînement composaient ses décors impersonnels, mais jamais inexsistants, souvent kitsch, parfois comiques, en tout cas intrigants, voire inquiétants. «Je suis plus près de Jacques Tati que de Michel Foucault», plaisantait-elle. Son travail est inspiré notamment par l'œuvre influente d'Eugène Atget et par celle du couple d'Allemands Bernd et Hilla Becher. La photographe était toujours à la recherche d'un lien avec les œuvres d'art contemporaines, qu'elle aimait encadrer de marbre funéraire ou de Formica pour renforcer cet aspect pictural. Longtemps éprise de petits formats noir et blanc, à la limite du gris, Lynne Cohen a glissé vers des clichés en couleurs et de taille imposante, à la fin des années 90, toutefois sans rien perdre de son univers, froid, voire glacial. Pour Fabien