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Libération
ETE: DIAPORAMA EXPOSITION PHOTO

Spleen selfies

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«Libération» a sélectionné les expos photo de l'été. Aux Rencontres d'Arles, Melanie Bonajo présente sa suite lacrymale: des autoportraits réalisés il y a dix ans, en pleine zone de turbulences.
publié le 25 juillet 2014 à 18h06
(mis à jour le 5 août 2014 à 9h08)

Melanie Bonajo, née en 1979 à Herleen, est l'une des figures choisies par Erik Kessels pour montrer l'extrême richesse de leur pays, les Pays-Bas. Plutôt que sa fameuse série Bondage mobilier, des femmes nues ligotées à des meubles, elle dévoile des autoportraits réalisés il y a dix ans, en pleine zone de turbulences. «Pas de maison, pas d'argent, je vivais une relation difficile, je flottais sans direction autour du monde et j'avais perdu mon sens de la gravité», dit-elle, après avoir oublié les raisons profondes de son chagrin. Lequel apparaît réel si l'on en croit ses yeux rougis, ses larmes qui débordent généreusement et son air de fixer l'objectif avec langueur, même quand elle gratte sa guitare.

Se photographier, c'était aussi pour elle une manière d'observer sa propre tristesse et «l'égoïsme et le ridicule de [sa] mélancolie». Bien évidemment, ce débordement permanent, ce «complot contre le faux bonheur», donne du poids à cette suite lacrymale intitulée, Thank You for Hurting Me, I Really Needed That… («merci de m'avoir fait du mal, j'en avais vraiment besoin…»). Une seule image aurait paru sans conséquence, juste un coup de blues, mais tout un ensemble, cela fait sensation… D'autant que Melanie Bonajo, post-déprime, s'est aperçue du miroir mensonger de la société occidentale et de son «illusion de bonheur matériel». Elle cherchait dans la mauvaise direction, sans voir les valeurs artificielles de la comédie humaine