De prime abord, c’est une image qui prête à sourire. Mais l’amusement initial ne survit guère à son décryptage : au beau milieu d’un champ ont été disposées, à des distances variables, des silhouettes grossières représentant quelques vaches et paysannes replètes, un fichu noir sur la tête, équipées d’un fusil-mitrailleur qui leur barre la poitrine. Substituées à la représentation rurale de l’épouvantail, ces effigies saugrenues ne sont pas là pour repousser les oiseaux, mais au contraire pour attirer les balles des militaires, qui s’en servent de cibles, quelque part dans la cambrousse allemande. De même que l’on croisera bien d’autres représentations de l’«ennemi», de la caillasse afghane aux confins sablonneux du Mali.
«Violence». Ces contrées, plus l'Albanie, le Brésil, la Finlande, la France, Israël, la Mongolie, la Corée du Sud et encore une vingtaine d'autres, ont des mœurs dissemblables, mais au moins un dénominateur commun, puisqu'universel : celui de posséder une armée. Or, que fait un soldat en mal d'action ? Il s'entraîne à la guerre. C'est ainsi que l'artiste allemande Herlinde Koelbl (lire ci-dessous) a eu l'idée de «Targets». Une exposition composée d'environ 200 photographies - des grands formats couleur déjouant avec dextérité l'écueil uniforme de la thématique -, mais aussi de témoignages (écrits et audio) et d'un impressionnant montage vidéo, le tout visible sur plus de 1 000 m2 cet été à Berlin, au m