Dans son labyrinthe intime où traînent drogues, flammes et fantômes, il y a toujours une issue. Symbolisée par la photographie, fille de joie qui lui a tendu les bras même lorsqu'il n'attendait plus rien. S'il se présente tel «l'archétype du voyou éternel», Alberto García-Alix incarne l'Espagne d'une liberté solidaire, celle avec ceux d'en bas, et, plus que tout, celle qui célèbre «l'art de la vie». «Je suis un survivant», aime-t-il à répéter de sa voix rauque, cassée par les cigarettes, alors que s'ouvre son exposition en solo au Circulo de Bellas Artes, à Madrid. Uniquement des autoportraits en noir et blanc, de ses débuts, en 1976, jusqu'aux plus récents : «Lorsque j'étais tout jeune photographe, la façon la plus simple d'expérimenter l'acte photographique était de me prendre comme modèle. Une pratique que j'ai toujours poursuivie au long de ma carrière.» Loin d'être une pose face au miroir, ses autoportraits scandent ses aventures, celles des bons et des mauvais jours, sans que l'on puisse parfois distinguer les uns des autres car il ne pèse pas ses effets. «L'important est l'intention du moment», non le lieu, précise-t-il, ajoutant que «l'autoportrait n'englobe pas la représentation physique, mais aussi ce qui m'identifie, ce qui m'est propre : ma chambre, mes chaussures».
Alberto García-Alix, 58 ans, a un charme fou et ce regard limpide qui signe la sincérité. Aucun flou entre ses photographies et son visage, pas de