Editeurs, commissaires d’expo, responsables de musée ou de galerie, ils sélectionnent pour Libération une image qui raconte notre époque. Ce week-end, Sam Stourdzé, futur directeur des Rencontres d’Arles.
Sam Stourdzé est directeur du musée de l'Elysée à Lausanne. Il a collaboré aux éditions Léo Scheer et travaillé sur les rapports entre photographie, art et cinéma, avec des expos sur Charlie Chaplin («Images d'un mythe»), Fellini («la Grande Parade») montrées au Jeu de paume en 2009. Il prendra la direction des Rencontres d'Arles le 1er octobre.
Pourquoi avoir choisi une photographie du Che par René Burri ?
Deux photographies d’Ernesto Guevara ont immortalisé à jamais son effigie : celle d’Alberto Korda, avec son béret marqué d’une étoile rivé sur la tête, et celle de René Burri, menton relevé, cigare cubain au bec, regardant droit vers l’avenir. La seconde date de 1963. Le Che a alors 35 ans. Quatre ans plus tôt, il a renversé le régime de Batista ; deux ans plus tard, il reprendra les armes avec la farouche volonté de déclencher la révolution partout où il passe. La photo a incarné le mythe, lui a donné un visage. Le portrait comme la quintessence du révolutionnaire. L’ironie, c’est que la photographie a continué son chemin, tout en faisant de lui une icône. Sans jamais s’arrêter, elle l’a transformé en produit ! L’inventaire donne le tournis. Il n’est pas un objet de consommation qui n’ait reçu le logotype du Che : du sac au tatouage, de la montre au string… Les photos qui témoignent à la fois de l’histoire et de sa réappro