Ça s'appelle le «coup de Frangy». Le petit capte l'attention de la victime avec une poignée de mains et un regard laser, tandis que le grand la soulage de son portefeuille tout en débitant une blague vaseuse à l'assemblée. Le soir même, le barbu au profil hugolien appellera le 0 892 705 705 pour faire opposition sur sa carte bancaire, puis la police pour donner le signalement des individus. «Ils avaient un air bizarre, le petit surtout.»
Non. Les deux types en blanc et la femme en rouge sont membres d’une secte particulièrement loufdingue : ils promettent la vie éternelle et des jours meilleurs. Ils ont répété longuement leur numéro afin d’offrir à leur public toutes les gradations du sourire du bienheureux : carnassier à la Mitterrand pour le petit, un peu plus large pour la fille qui en profite pour émettre une sorte de gloussement, carrément gobe-mouche pour le grand avec des halètements de phoque. Le soir, le barbu sera dans la rue en robe orange, avec un tambourin.
Ou peut-être que. Ils s’appellent Benoît et Arnaud. Leur ambition est grande. Ils essaient de donner, pendant quelques heures à Frangy-en-Bresse, les signes de la plus parfaite décontraction. Une armée de capteurs numériques est braquée sur eux : c’est la rentrée avant la rentrée, aucun événement parasite ne viendra leur voler la vedette dans les JT. Et ils feront encore plus fort le lendemain, quoique cet épilogue ne fût pas prévu dans le scénario. Le ministre de l’Education se fera virer de la classe