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TRIBUNE

Pique-nique trash

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Retour sur une image parue dans «Libération»
Deux soldats loyalistes dans la région de Lougansk, le 10 septembre. (Photo Gleb Garanich. Reuters)
publié le 19 septembre 2014 à 19h46

La seule certitude, c’est que ces deux types sont des soldats, et non pas des chasseurs le jour de l’ouverture, bien que les seconds, tout à leur pulsion de Terminator du moindre piaf, aient tendance à se déguiser comme les premiers, métamorphosant nos campagnes en reconstitution tout en treillis du D-Day. L’autre certitude, c’est que ces troufions sont plus bruns que blonds, plus jeunes que vieux, plus blancs que noirs.

Sinon, ils pourraient figurer dans n’importe quelle image de guerre de ces vingt dernières années : GI lors de la prise de Bagdad, miliciens serbes en vue de Sarajevo, soldats de Tsahal à deux doigts de Gaza. Ce qui, du strict point de vue de l’uniforme, n’est pas une surprise, les fabricants et fournisseurs d’armes, dont en première ligne la France, étant très peu à se partager le marché des tueries. A quelques détails près, aussi bien dans l’armement que dans l’uniforme, la nuance est faible et il est même étonnant que n’arrive pas plus souvent la méprise de soldats d’une même armée s’entretuant au bénéfice du doute.

La légende de cette photographie est donc bien utile pour la singulariser. Ces deux-là sont des soldats ukrainiens fidèles au régime de Kiev, photographiés le 10 septembre dans la région de Lougansk, dans l’extrême Est du pays. Puisqu’ils fument, ce doit être un moment de répit, sinon de repos. Une sorte de quiétude masque leur visage alors qu’autour d’eux tout intrigue et inquiète.

Par exemple, le jaune et bleu des murs qui cite à l’envers les c