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Exposition

Horst P. Horst, la chair est chic

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Une rétrospective de 250 tirages retrace le travail du photographe de mode allemand, amoureux d’un académisme suranné, «avec un peu de désordre».
Round the Clock, New York, 1987 © Condé Nast / Horst Estate
publié le 5 octobre 2014 à 17h36

Quinze jours après son ouverture, plus de 10 000 visiteurs avaient déjà vu la rétrospective Horst, à Londres, préparée par Susanna Brown. C'est un bon baromètre de l'excitation que procure ce photographe de mode au parcours original, peut-être moins audacieux que son contemporain, le Britannique Cecil Beaton (1904-1980), petit roi effronté qu'il croisa en 1930 dans sa maison de campagne, à Ashcombe. Il y a finalement peu de fantaisie dans l'univers de Horst P. Horst (1906-1999), à part quelques expérimentations surréalistes avec Salvador Dalí, mais c'est justement sa rigueur, voire son apparente retenue, qui font sa force. Et son charme. Il est un homme qui savoure la suggestion tel le nez d'un parfum ; il met à l'aise ses modèles et ne joue pas les gros bras. L'un de ses portraits initiatiques, la délicieuse Louise de Vilmorin grattant la guitare (1938), paraît être une esquisse, comme si la jeune femme flottait sur un nuage d'opium après un séisme sentimental. Mais si l'on regarde plus attentivement, et le choix est dans cette vaste exposition - plus de 250 tirages -, tout est extrêmement ajusté chez Horst, même s'il se plaisait parfois à glisser «un peu de désordre».

Architecture. Il y a un certain exotisme dans son travail, alliance des pays traversés, de son Allemagne natale (il est Né Horst Paul Albert Bohrmann à Weissenfels, près de Weimar, famille protestante, père commerçant) aux Etats-Unis qui lui offrent son nouveau no