Menu
Libération
Disparition

René Burri, œil tout terrain

Article réservé aux abonnés
Membre de l’agence Magnum depuis 1959, le photographe suisse est mort lundi à 81 ans.
Autoportrait, Coronado, New Mexico, 1973-83. (Photo Rene Burri. Magnum Photos)
publié le 20 octobre 2014 à 20h06

René Burri vient de mourir des suites d’une très longue maladie, il avait 81 ans. A lui seul, cet homme merveilleux représentait le meilleur de la photographie, sa puissance, son panache aussi, grâce à ce chapeau qui ne le quittait guère, et ses manières de grand seigneur qui avait connu les misères de ce monde, les avait parfois partagées, mais n’avait jamais voulu s’en repaître. Bien au contraire.

Il était l’une des figures tutélaires du photojournalisme tel que l’avait créé l’agence Magnum en des temps héroïques ; non seulement parce qu’il eut très tôt conscience du monde et de sa géographie, mais parce qu’il avait toujours un point de vue généreux et ouvert en toute situation, conflictuelle (la guerre du Vietnam), rituelle (un mariage à Tokyo), esthétique (le peintre Yves Klein dans le rôle du cordon bleu), ou majestueuse (la construction du barrage de Dezful en Iran).

Cadrage. Loin d'être un stéréotype de grand reporter, René Burri essayait de comprendre et de donner à comprendre, cherchant plus que la bonne distance, ou le meilleur cadrage : cette petite faille de la réalité qui resterait dans l'éternité, en étant fidèle au grain de l'humanité. Il avait ce don : il savait enrichir la vie.

Né le 9 avril 1933 à Zurich (Suisse), il avait pris sa première photo à 13 ans avec le Kodak de son père, en 1946. Il en était fier, avec raison, un scoop. Dans l'objectif, Churchill à Zurich, debout dans une limousine, bien joué René ! Diplômé de l'