Menu
Libération
Disparition

David Armstrong, la marge en avant

Article réservé aux abonnés
Le photographe américain, proche de Nan Goldin, est mort dimanche à l’âge de 60 ans.
«Fernandez, New York, 2002», de David Armstrong (Photo courtesy the artist and Kamel Mennour Paris)
publié le 27 octobre 2014 à 19h16

Comment parler de l'œuvre d'un photographe et trier parmi des milliers de clichés ? Peut-être en radicalisant le parti pris, pour dégager une image parmi d'autres. A nos yeux, le nom de David Armstrong, décédé dimanche à l'âge de 60 ans, appelle une photo bien précise : celle d'un jeune homme efflanqué (le mannequin américain Boyd Holbrook, devenu acteur depuis), dans une baignoire, les cheveux décolorés et teints en un rose très pâle. L'image renferme la plupart des clés pour comprendre l'œuvre de David Armstrong, quelque peu écarté des radars du monde de l'art depuis le milieu des années 2000. Il y a là un homoérotisme évident, à rebours d'une esthétique lisse, musclée et photoshoppée souvent associée à la culture gay. Et une douceur permanente, comme si les garçons, nus ou pas, bad boys ou mannequins, se sentaient bien là, face à l'objectif respectueux d'Armstrong.

Gémellité. Il est né en 1954, et a grandi à Lexington, ville sans grand intérêt du très wasp Etat du Massachussets. A 14 ans, il rencontre une jeune fille issue d'une famille bourgeoise, marquée par le deuil, qui s'essaie à la photo : Nan Goldin. L'amitié adolescente muera en relation fraternelle au très long cours, avec des hauts et des bas. Et un livre, Double Life, publié en 1994, qui illustre magnifiquement leur gémellité.

Au début des années 70, les deux étudient à Boston, à la School of the Mus