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Stephen Shore, territoire en séries

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De ses débuts bénis par Edward Steichen jusqu’à l’Ukraine en passant par la Factory de Warhol, une exposition madrilène retrace l’œuvre de l’artiste américain.
Ginger Shore, Causeway Inn, Tampa, Floride, 17 novembre 1977. Image de la série «Uncommon Places». (Photo Stephen Shore. Courtesy 303 Gallery, New York.)
publié le 30 octobre 2014 à 17h06

La vie de Stephen Shore, né le 8 octobre 1947 à New York, apparaît si riche qu’elle donne le vertige. Comme si, hasard d’un tirage au sort, il avait eu toutes les cartes en main pour choisir son destin. Wow !, se dit-on en entrant dans la première salle de sa rétrospective à la Fundación Mapfre : qui aurait pu imaginer que le petit Stephen, picorant ses proches avec son Ricoh Rangefinder, cadeau de ses 9 ans, mettrait le monde dans sa poche ?

Telle est la bonne surprise de cette exposition-fleuve (270 photographies) qui offre un accès immédiat à un travail construit sur la non-séduction, mais pas sur le refus. Shore l'a lui-même répété : un peu d'ambition s'il vous plaît, il s'agit d'avancer vers l'avenir et de se faire plaisir. «De prendre son pied sur la route 66/ Get Your Kicks On Route 66», fredonnaient Bobby et Cynthia Troup en roulant vers la Californie. Autres faits de gloire juvénile : Shore a rencontré Edward Steichen, chef suprême du département photographie au MoMA (Museum of Modern Art, de New York) quand il avait 14 ans. Lequel lui a acheté trois tirages. Puis il a côtoyé Andy Warhol et sa Factory pendant trois ans, en éclairant les shows mythiques du Velvet Underground. C'était en 1965, deux ans avant leur fatal album avec Nico.

Intérieur ukrainien, Nemirov, 2013. Photo Stephen Shore. Courtesy 303 Gallery

Léopard. Des bases nourrissantes, certes, mais il fallait en tirer profit, et Shore a fini par adopter un médium d