A la fin des concerts, les foules ont longtemps sorti leur briquet pour accompagner les derniers morceaux de la lueur vacillante des flammes. Mais, depuis une dizaine d’années environ, cette version païenne de la Pentecôte et de ses langues de feu n’a plus cours. Les lumières se sont numérisées, on ne sort plus son Zippo, mais son téléphone portable. Chacun filme un bout de chanson, prend une photographie. Le résultat, quel que soit l’appareil, est souvent (voire tout le temps) raté. Peu importe : le fantôme surexposé de la vedette sur scène servira de souvenir-médaillon numérisé au fond de sa poche.
Cette photographie, publiée jeudi dans la rubrique Ecrans-Médias de Libération, n'a rien à voir. Il n'y a pas de star, mais des anonymes, une foule bien vivante, et dense. L'image a été réalisée dimanche dernier à Budapest, devant le ministère de l'Economie. L'article nous informe que le gouvernement du décidément très sympathique Viktor Orbán veut mettre en place une taxe internet, soit le prélèvement de 150 forints (0,48 euro) par gigaoctet transféré. Ces milliers de Hongrois qui manifestent n'ont donc rien de «fans», plutôt du contraire. En signe de protestation, ils exhibent leur smartphone. Ici, la seule personne qui prend une photo est hors champ. Et pour cause, puisqu'il s'agit de l'auteur de l'image, László Beliczay.
Cette photo pourrait servir de rappel nécessaire aux technophobes de tous bords. En voulant un Internet gratuit (un bel oxymore), ces manifestants ve