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Critique

Lee Friedlander, l’intime élucidé

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Entre autoportraits et clichés familiaux, 120 tirages exposés à Bruxelles permettent de pénétrer dans le quotidien de l’artiste américain au fil des ans.
«Lee, Anna, Maria and Erik, New York, 1971». (Photo Lee Friedlander. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco)
publié le 4 novembre 2014 à 18h56

Exposer Lee Friedlander n’est pas un projet risqué, c’est évident. Il est l’un des géants de la photographie américaine, né en 1934 à Aberdeen, dans l’Etat de Washington, et son œuvre est si vaste qu’il est possible d’y piocher allègrement en évitant tout impair. Mais proposer une exposition Friedlander qui ne ressemble à aucune autre déjà vue - et qui procure une joie profonde, presque irrationnelle -, voilà le vrai pari.

Totalement réussi par la Fondation A Stichting, à Bruxelles, qui ensorcelle le visiteur, littéralement, comme s'il venait de naître au médium de Niépce. C'est ainsi que devrait se montrer aujourd'hui la photographie, avec cette rigueur épanouie, et non dans un débordement d'images proche de la morbidité, qui finissent par étouffer n'importe quel spectateur, même le plus flegmatique.

Parcours à la carte. Parmi les autoportraits de Lee Friedlander, ceux en solo et en famille, Jean-Paul Derrider, directeur de la Fondation A Stichting, a dû trancher. Le livre Family in the Picture 1958-2013 contient 365 photographies ; l'exposition «Self and Family», 120. «Je l'ai rencontré à New York, explique-t-il, pas à New City, le village où il vit. Lee est un homme secret, très privé, peu bavard. Il fait d'abord des photographies, il met tout dans l'image, ce n'est pas un t