«C'est la première fois que je vois mes photos encadrées» déclare un peu ému, Carlos Cruz-Díez, le peintre vénézuélien, né en 1923 à Caracas, figures majeures de l'art cinétique. Après sa ville natale, New York et Buenos Aires, c'est également la première fois qu'elles sont dévoilées à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. L'exposition révèle, ici, une facette encore peu connue et encore moins divulguée de l'artiste, on découvre que derrière le grand maître de la couleur se cache un photographe de talent en noir et blanc.
De la peinture figurative à la forme pure
Cet ensemble de 70 clichés pris à travers le monde ont tous été réalisés en pleine moitié du XXe siècle, et semblent étroitement liés à son œuvre picturale figurative et abstraite. D'ailleurs, à travers ce travail, on le sent osciller entre l'abstraction géométrique, qu'il retrouve dans les lignes vertigineuses de l'architecture moderne, et la photo humaniste. Au tout début, il saisit des scènes de la culture populaire, de la pauvreté criante de son pays, qui lui servent de modèles pour ses peintures, alors figuratives à caractère social. Doutant de l'efficacité de son propos comme catalyseur d'un changement dans le pays, il va s'en éloigner, peu à peu, pour se tourner vers la forme pure.
Comme celles prises lors d’un séjour à New York, en 1947, du Washington Bridge ou encore de la statue de la Liberté, témoignant de sa fascination pour les lignes de fuite, l’enchevêtrement des formes géométriques et le