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Libération
grand angle

Omar Victor Diop dans la peau d’un Noir

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Dans «Diaspora», une série d’autoportraits en partie inspirés par la peinture espagnole, le jeune photographe sénégalais incarne des Africains devenus des personnalités en Europe au temps des colonies.
Jean-Baptiste Belley, (1746-1805), révolutionnaire français, membre de la Convention nationale et du Conseil des Cinq-Cents. (Photo Omar Victor Diop. Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris.)
publié le 10 novembre 2014 à 17h16

Qui se souvient de Jean-Baptiste Belley, né en 1746 à Gorée, au Sénégal, vendu comme esclave dans les Antilles françaises, arrivé en France en pleine Révolution, devenu membre de la Convention, puis du Conseil des Cinq-Cents ? Ou encore d’Angelo Soliman, enlevé enfant dans l’actuel Nigeria, ramené comme esclave en Europe où il fut domestique, mathématicien, philosophe et confident de l’empereur d’Autriche Joseph II, et aussi de Mozart et de Haydn ? Après sa mort en 1796, il fut empaillé comme un animal de luxe et sa dépouille naturalisée décora un salon impérial jusqu’en 1848, date de l’abolition de l’esclavage…

Passeport et ballon rond

Connu pour ses portraits d'artistes, activistes et blogueurs de sa génération à Dakar, Omar Victor Diop, Sénégalais de 33 ans, est l'auteur d'une impressionnante série de douze autoportraits où il incarne des personnages historiques noirs. Dans ce travail intitulé «Diaspora», tous les sujets sont devenus des notables - comme lui, sinon qu'eux ont vécu au temps des colonies et de la traite négrière où l'ascension sociale des Africains était plus qu'improbable.

«Le dénominateur commun de cette série, c'est l'oubli dans lequel sont tombées toutes ces personnalités au parcours remarquable», explique le photographe. Omar Victor Diop se met en scène pour parler d'autres vies que la sienne. En affublant ces personnages d'objets liés au football,