Malgré les apparences, Hans Eijkelboom, qui aime à poser avec son appareil photo autour du cou, n'est pas un chasseur de stéréotypes ou un paparazzo rigolo. Ce qui l'intéresse, c'est de comprendre comment l'identité, d'abord la sienne puis la nôtre, ne cesse d'évoluer dansun monde devenu virtuel, mais seulement en partie et depuis peu. Pour preuve, son dernier livre publié par Phaidon, Hommes du vingt et unième siècle (1), riche de 6 000 photos prises entre 1992 et 2013 dans sa ville natale d'Arnhem (dans l'Est des Pays-Bas), à Fort-Mahon-Plage (France), à Nairobi, à Mexico City ou à Shanghai, la liste est longue.
Un outil pour mettre en pièces les évidences
Regardé à la sauvette, Hommes du vingt et unième siècle paraît être l'état des lieux d'un anonymat universellement partagé, à la limite de la répétition systématique (512 pages !), et dénué d'esthétique. Voici donc des femmes et des hommes de toutes générations et de corpulences diverses, qui vont et viennent ici et là, en toute saison, et ne s'aperçoivent pas - piétons insouciants - qu'un homme les a photographiés. Observé plus attentivement, sans tenir la loupe de Sherlock Holmes, n'exagérons rien, le livre de Hans Eijkelboom révèle sa beauté intrinsèque, que l'on peut contempler aussi lors de l'exposition actuellement donnée au CentQuatre, à Paris. Et l'on comprend alors combien la démarche de cet artiste conceptuel, formé à l'Arnhem Academy of Visual Arts (1968-1973), se veut une fenêtre ouverte sur la prodigalité de la culture popula