C’est en retrait des terrasses, au sous-sol de la Villa Noailles, qu’étaient exposés les photographes en compétition pour le grand prix dont le jury était présidé cette année par William Klein (et où figuraient notamment Jean-Paul Goude et le styliste anglais Gareth Pugh). Installés derrière des tables, les candidats présentaient leurs portfolios au jury, à la presse et au public, dans une chouette proximité. C’est par exemple Ilona Szwarc, d’origine polonaise et basée à New York, qui raconte avoir recruté son sosie pour lui faire subir trois séances morbides de maquillage : tour à tour, elle vieillit, devient grotesque, et comme morte.
Pour leur part, les Suisses Cortis et Sonderegger reproduisent dans leur studio, en maquettes, des photographies emblématiques, comme le premier pas sur la Lune ou le 11 Septembre, qu’ils shootent ensuite entourées du matériel utilisé. Réflexion sur l’authenticité et la temporalité d’un événement, cet ensemble impressionne par sa technicité.
Prix du public du festival de Hyères 2016, Anaïs Boileau est française. Sa série Plein Soleil a pour cadre principal La Grande-Motte. Les architectures géométriques s'ouvrent sur le ciel tandis qu'un groupe de femmes d'un certain âge bronze en mode optimal : lunettes de solarium, collerettes de miroirs réfléchissants, elles s'offrent littéralement à leur dieu.
La Tchèque Vendula Knopová a pour sa part décroché le grand prix, et sa dotation de 15 000 euros. Son livre, Tutorial, réalisé à partir des photos du disque-dur de sa mère et complété par ses propres images, respire la fraîcheur des blagues à deux balles et des souvenirs potaches d'une famille recomposée vivant à la campagne. Son esthétique rappelle les clichés de Maurizio Cattelan pour Toilet Paper, le côté commercial en moins. A Hyères, elle présentait non pas un mur de tirages mais un présentoir rempli de gadgets : cartes postales, porte-clés, casquette…