Il photographiait Paris, comme si la ville était sur le point de disparaître. Tout comme Robert Doisneau et Willy Ronis qu’il a fréquentés, Jean-Claude Gautrand a été témoin des transformations urbaines de cette capitale où il vécut plus de quatre-vingt-cinq ans. Photographe et historien de la photographie, il milita toute sa vie pour la reconnaissance de cet art, œuvrant même à la création des Rencontres d’Arles. Il est mort, lundi, à l’âge de 86 ans.
C'est aux débuts des années 70 qu'il signe sa série la plus connue : l'Assassinat de Baltard. Perché sur les palissades des Halles parisiennes, il photographie clandestinement leur démolition. En restent des visions de fin du monde, où seule la lumière pénètre encore les entrailles de Paris. En 2018, il évoquait son obsession de sauver de l'oubli «ces choses précieuses qui demandent à disparaître mais méritent une place dans la mémoire collective» : «Robert Doisneau a fait beaucoup de photographies des Halles mais pendant leur fonctionnement, après il en a fait quelques-unes mais ce n'était pas son univers. J'ai pris la relève en quelque sorte.»
Proche des photographes humanistes, son œuvre est bien plus minérale et mélancolique. Dans Métalopolis – en référence à la ville asphyxiante du film de Fritz Lang –, ses photos du chantier du périphérique parisien, bouquet de tiges métalliques saisies dans un noir et blanc saturé, créent des structures monumentales et inquiétantes. Dans l’abstraction du métal, il dépeint une ville froide où l’homme n’aura bientôt plus sa place.